mercredi 17 octobre 2007

Crise des subprimes, et si ce n'était qu'un début ?


Je tiens au moyen de cet article à vous expliquer rapidement la crise dite « des subprimes », et vous dire ce qui, selon moi, a pu nous conduire à ce stade.

La Crise des subprimes, est une crise financière et boursière mondiale, déclenchée en 2006 par un krach des prêts hypothécaires à risque aux États-Unis (les fameux « subprimes »). Révélée au monde en février 2007, elle s’est transformée en crise financière mondiale au cours de l'été de la même année.
Les subprimes sont des crédits hypothécaires accordés aux États-Unis à une clientèle peu solvable, sur la base d'une majoration du taux d'intérêt « surprime » censée compenser les risques pris par le prêteur. Ainsi, les taux proposés au départ sont alléchants mais ces derniers sont variables et il existe donc une probabilité pour qu’ils augmentent voire s’envolent après la signature du contrat par les deux parties. Dans la plupart des cas, les remboursements d'emprunt étaient limités au paiement des intérêts, celui du capital étant souvent différés pour s'imputer sur le prix de revente du logement deux ou trois ans après, avec une plus-value. Cette stratégie fonctionnait tant que les prix de l'immobilier montaient, ce qui était le cas avant 2006. Mais le double mouvement de baisse des prix de l'immobilier aux États-Unis (dégonflement de la bulle immobilière) à partir de 2006 et de remontée des taux d'intérêt a conduit au défaut de paiement de nombreux emprunteurs, et donc à la mise en situation de faillite, ou de quasi-faillite des établissements spécialisés aux États-Unis. D'autant que les prix des habitations sont tombés sous la valeur de garantie, c’est-à-dire en deçà de ce qui permettait d‘assurer le remboursement du capital emprunté par la revente de l’habitation.
Ces crédits se sont développés à partir d’une législation à visé sociale de 1977 appelée Community Reinvestment Act qui contraint les établissements de crédit à prêter à des personnes à revenus modestes auxquelles des prêts « classiques » ne seraient sans cela pas accordés. En 2006, 23% des prêts immobiliers étaient à subprimes. L’arrivée sur le marché immobilier d’acquéreurs potentiels supplémentaire a fait gonfler encore un peu plus la bulle immobilière américaine et a bien entendu amplifié les conséquences catastrophiques de son éclatement. Pour le libéral militant Vincent Bénard, si la loi n'est pas l'unique responsable, « il est aujourd'hui clair qu'elle a amplifié [la crise] ».
Certains établissements financiers américains ont, du fait de l’opportunité offerte par la loi, fait du subprime leur spécialité en trouvant appui auprès du système bancaire traditionnel. Quand la conjoncture est favorable, ce système fonctionne bien : l’emprunteur met sa maison en hypothèque, qui sert donc de garantie pour le créditeur. Pour l'emprunteur à risque, ce mécanisme permet d'accéder à la propriété, ce qu'il ne pourrait pas faire par ailleurs.
C’est justement cet appuis du système bancaire traditionnel qui a conduit à la propagation de la crise. En effet, lorsque la FED a fait passer son taux directeur de 1% à 5,25% entre 2004 et 2006, les organismes spécialisés ont du répercuter cette hausse sur les emprunteurs qui ont vu leur mensualités augmenter considérablement. Ces mêmes emprunteurs « à risque » n’ont, par définition, pas pu honorer leurs obligations financières et se sont retrouvé en situation de cessation de paiement.
Le défaut de remboursement, lorsqu'il est limité à des cas isolés, est couvert par les créanciers : grâce à une politique de gestion du risque, les organismes sont censés pouvoir supporter le délai nécessaire aux recouvrement de créances des débiteurs. Mais, dans le cas d'un phénomène de défauts de paiement de masse, l'organisme créancier peut se retrouver en situation très difficile. Or, en 2007, le taux de non remboursement sur ces crédits s'est élevé aux alentours de 15 % alors même que la valeur des biens hypothéqués avait chuté et ne pouvait plus satisfaire les exigences de remboursement, ni du capital, ni des intérêts. Ces biens ne garantissaient plus les crédits contracté initialement pour les financer. Ainsi, les établissements de crédit, censés pouvoir récupérer leurs mises en vendant les habitations hypothéquées, se sont retrouvé sans moyen rapide de redresser leur bilan, puisque vendre ces biens ne suffisait plus à recouvrir leurs pertes. L'afflux de biens saisis mis en vente sur le marché a même aggravé le déséquilibre du marché immobilier où les prix se sont effondrés.
Ces difficultés auxquelles les agences spécialisées ont eut à faire face les ont parfois conduit à la faillite comme ce fut le cas pour la New Century Financial Corporation, dont le titre en bourse a chuté de 90%. Ces faillites ont entraîné dans leur chute les grandes banques qui avaient initialement prêté l’argent. Certaines étant même parfois actionnaires de ces sociétés de crédit spécialisées. Affolées, elles réclament des remboursement anticipées auxquels les entreprises de prêts hypothécaires à risque ne peuvent faire face accélérant ainsi le rythme des faillites, tant des organismes de créit que des banques.
Cette instabilité de la part des banques et agences de crédits hypothécaire à risque qui fait chuter certaine de leurs valeurs boursières laisse planer un sentiment de méfiance catastrophique pour les marchés mondiaux. En effet, les marchés financiers, qui avaient subi une première crise de confiance en février-mars 2007, avant de se reprendre au début de l'été, atteignent leur plus haut niveau annuel à la mi-juillet. Ils chutent à partir du 18 juillet (annonce de l'effondrement de deux hedge funds (banques qui financent les organismes de crédit) de Bear Stearns), un mouvement accentué le 9 août avec l'annonce du gel des trois fonds monétaires dynamiques de BNP Paribas. Les marchés sont désorientés, les banques mondiales sont contraintes à intervenir.
Il y a d'importantes craintes que la crise financière n'affecte l'économie réelle par le biais notamment de la baisse du moral des ménages et des chefs d'entreprises, des difficultés rencontrées par les banques, du resserrement des conditions de crédits (hausse des taux d'intérêt sélection plus forte des emprunteurs) qui pourraient peser sur la consommation des ménages comme sur l'investissement des entreprises, et donc sur la croissance du PIB.

Cette contagion a eut des effets sur la croissance française au troisième trimestre, certainement avant déjà et très sûrement après, c’est-à-dire encore au quatrième et dernier trimestre. Cette loi américaine à visée sociale de 1977 a donc très certainement été à la base d’une partie, si petite soit-elle des difficultés actuelles de la France. Le marché a été malmené, il s’est vengé et ce n’est qu’un début. Si la vengeance est un plat qui se mange froid, c’est 30 qui sont passés par là. Le gouvernement français comme celui de bien d’autre pays devra composer avec une croissance plus faible que prévu, entamant ainsi les projets législatifs.

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