vendredi 13 juin 2008

Et si ce non voulait dire oui ?


L'Irlande vient de rejeter le Traité de Lisbonne par référendum. Ce « non » intervient alors que 18 pays ont ratifiés ce traité voulu par Nicolas Sarkozy et soutenu par Angela Merkel. On pourrait croire à un simple non à L'Europe, à une volonté de stopper la construction de ce rêve qu'est l'Union Européenne. Mais comme vous le savez, j'aime lire entre les lignes de l'actualité. Aussi je veux y voir au contraire une volonté d'un supplément d'europe ! Comme une manière d'exprimer le refus de cette constitution réduite...


« Pour les européens c’est un moment de tristesse, et pour moi, suite à l’élan européen né du Traité de Lisbonne une grande déception. » affirme Hervé Morin qui ajoute que « le "non" Irlandais ne saurait nous amener à une dégradation de notre ambition européenne, mais nous invite au contraire à continuer [...] Il est une exigence à plus d’Europe et une invitation à construire l’Europe que veulent les citoyens européens. » Cet optimisme je le partage volontiers !


François Sauvadet, président du groupe Nouveau Centre à l'Assemblée Nationale estime pour sa part que « c’est un coup dur pour la construction européenne, mais il faut continuer ».


Monsieur Morin rappel par ailleurs que « nous, centristes, sommes les héritiers de la tradition européenne, libérale et démocrate chrétienne » insistant ainsi sur le fait que le Nouveau Centre soit l'héritier direct de l'UDF, parti historiquement pro-européen.


Et si nous sommes si préoccupé par la question européenne c'est parce que nous sommes tout à fait conscient que malgré les constitutions et les institutions nationales en place, nous perdons de jours en jours non seulement du poids à l'échelle mondiale mais aussi, et c'est plus grave, notre marge de manœuvre relative à l'action politique à visée interne. Autrement dit, la conjoncture européenne comme les conjonctures nationales sont par essence tributaires de la conjoncture mondiale. Aussi, si nous voulons un tant soit peu pouvoir agir pour interférer dans cette logique, nous devons disposer d'outils solides. Ces outils ne sauraient exister à l'échelle nationale, nous devons donc les inventer à l'échelle européenne.


Le président du Nouveau Centre affirme à cet effet que « plus que jamais, alors que se constituent de très grandes puissances, Etats-Unis, Chine, Inde ou Brésil, nous affirmons que les nations européennes ne pourront rien sans l’Union. [...] Plus que jamais, notre Union doit relancer l’esprit de conquête sans lequel nous n’aurions plus de destin. » Voilà donc ce qu'il nous faut : retrouver l'esprit de conquête. Celui qui nous a fait imaginer l'impossible il y a 50 ans, à savoir que des nations alors récemment belligérantes allaient bâtir un avenir commun et pacifique. Nous l'avons fait, lançons-nous alors de nouveaux défis européens !


Tout en « enregistrant le choix d'une majorité d'irlandais, » Hervé Morin appel l'ensemble des partenaires européens à « respecter celui des 18 pays ayant déjà ratifié le Traité de Lisbonne. » Je pense pour ma part qu'il serait en effet sage de ne pas détruire le travail réalisé jusque là, à la fois pour ne pas revenir au stade de 2005 (à la suite des non français et néerlandais) mais aussi pour ne pas faire preuve de mépris pour les peuples des nations ayant fait le choix d'adopter le « mini-traité ».


Pour finir, tout comme monsieur Sauvadet, je m’interroge sur la responsabilité de la gauche française lors du rejet de la révision constitutionnelle du 29 mai 2005. Le Non de la France a été un très mauvais signal pour les peuples européens. Ce rejet a un instauré un climat de doute et d’hostilité. C’est ce climat qui handicape encore aujourd’hui la poursuite de la construction européenne. Espérons que la présidence Française de l'Union Européenne saura rétablir le dialogue et redéfinir de façon claire les objectifs de notre beau projet.


Voilà donc ce que j'en pense. Pour vaincre le pessimisme, montrons-nous les plus optimistes possible ! Montrons leur que nous avons cette rage d'Europe qui nous anime ! Pour l'heure, Paris et Berlin ont d'ores et déjà appelé à la poursuite du processus face à tous ceux qui affirment que le traité est mort.

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