mardi 17 juin 2008

Renaissance du RPR !

« L'UMP sera le parti unique de la droite et du centre ! » « L'UMP sera le premier parti à ressembler en son sein l'ensemble de la droite républicaine et du centre. » « L'UMP sera la grande maison bleue qui abritera des gens de sensibilités différentes prêts à travailler ensemble... » Voilà un échantillon de ce qui avait été dit en 2002 à l'occasion de la création de l'Union pour un Mouvement Populaire. Que reste-t-il aujourd'hui de ces promesses ? Que reste-t-il de nos amours ? Ont-ils été de pailles ? Sont-ils morts ? Qu'avons-nous fait de la grande UDF ? Que sont devenu ces membres ? Que subsite-t-il du RPR ? Autant de questions auxquelles je vais tanter de répondre ici.


Ces centristes de l'UMP


Avant la création de la grande centale centro-républicaine, il existait deux formations qui cohabitaient : le Rassemblement Pour la République (RPR) qui regroupait les gaullistes et les tenants d'une droite républicaine et l'Union pour la Démocratie Française (UDF) qui rassemblait les centristes, les radicaux, les tenants d'une droite sociale et/ou modérée et les libéraux. Ces deux formations politiques regroupaient en leur sein deux familles politiques voisines qui collaboraient parfois déjà dans la douleure. On se souvient notamment de la période où Valéry Giscard d'Estaing était Président de la République (1974-1981). Petit à petit, après que François Bayrou ait prit la présidence de l'UDF, celle-ci commença à perdre de la vitesse. De 215 députés en 1993, le groupe UDF à l'Assemblée Nationale est passé à 113 députés en 1997. A la fin de la législature, en 1997, le groupe, rebaptisé UDF-Alliance ne comptait plus que 62, députés alors qu'était né un groupe autonome « Démocratie Libérale » comptant 40 députés. Démocratie Libérale était une ancienne composante de la grande UDF. Voilà le point de départ de notre histoire : le départ de nos cadres...


En 2002, à la suite de l'arrivée de LePen au second tour de l'élection présidentielle, la droite est en passe de remporter les élections avec un score suppérieur à 80%. Un score qualifié d'africain dans le jargon. Entre les deux tours, le candidat Chirac rencontre François Bayrou qui a fait entre 6 et 7%, score honorable à l'époque. Ce dernier lui suggère de faire un gouvernement d'union nationale. A cela, Chirac répond qu'il fera le parti unique de la droite et du centre. A cette époque, le projet devait porter le nom d'Union en Mouvement.

Le second tour se solde effectivement par une victoire de Chirac à plus de 80%. Les législatives qui suivent voient l'Union pour une Majorité Présidentielle remporter une large majorité (365 sièges sur 577 à pourvoir). Ce groupe rassemble déjà des personnalités de la droite issues très majoritairement du RPR et des personnalités centristes, notamment issues de Démocratie Libérale mais aussi du Parti Radical dit « Valoisien », ancienne composante de la grande UDF qui lui aussi a quitté le parti centriste pour le grand rassemblement de la droite et du centre.


A ce moment, l'UDF a perdu deux de ces composantes et va encore perdre une bonne partie de ses cadres qui vont rejoindre l'UMP. Je ne sais pas s'il faut le regretter mais tous ne vont pas le faire. C'est à cette période qu'il eut été judicieux me semble-t-il pour Bayrou de dire clairement ce qu'il voulait. La gauche était un champ de ruine, le centre se mouvait et la droite muait, du moins en apparence. Il aurait pu alors dire sa différence et se poser comme une alternative crédible pour 2007. Mais force est de constater qu'il ne l'a pas fait.


Je demande s'il faut le regretter car à ce moment, si l'UMP avait attiré à elle l'intégralité des centristes, alors peut-être le rapport des forces aurait été plus équilibré et peut-être l'UMP aurait-elle été un véritable parti de la droite et du centre.


Mais pour en revenir à l'historique de cette merveilleuse aventure qu'est la collaboration gouvernementale compliquée entre le centre et la droite, l'UMP comptait dans ses rangs Christine Boutin (FRS ex-UDF), André Rossinot (PRV ex-UDF), Alain Madelain (DL ex-UDF), Claude Goasguen et Hervé de charrette (Convention démocrate ex-UDF) et biens d'autres comme Philipe Douste-Blazy (ex-UDF) mais nous n'allons pas tous les citer. A côter de ces centristes se tenaient l'ensemble des ex-RPR, bien entendu largement majoritaires.


L'UMP Chiraquienne


Certes, elle ne dura pas plus de temps qu'elle ne due. Et cela est selon moi regrettable. Mais il y eut tout de même une période où l'UMP était Chiraquienne, sous les présidences successives de Michèlle Alliot-Marie (Le Chêne, formation gaulliste) et Alain Juppé. En ce temps, les centristes furent respectés. On eut même l'immense honneur d'avoir un Premier Ministre. En effet, Jean-Pierre Raffarin était un ancien de l'UDF. D'abord co-fondateur du Parti Populaire pour la Démocratie Française (PPDF) puis membre de Démocratie Libérale avant d'intégrer l'UMP.


Pendant ce temps, l'UDF n'a plus que 29 députés. Les « fidèles bédoins » (vous remarquerez le gracieux surnom que cela nous avait valu d'être fidèle, on ressent déjà la consodération du chef pour ses troupes) sont toujours porteurs de l'étiquette giscardienne. Pour information même Giscard est alors plus proche de l'UMP. Les combats sont rudes, mais ils sont vaillamant menés. Bien entendu, ils ne mènent pas à grand chose. Ceux qui gouvernent sont à l'UMP. Les centristes qui ont le pouvoir, quoi qu'on en disent, sont à l'UMP.


Fut venu le temps du sarkozysme


En 2004, le temps était venu de faire de la place au grand Nicolas. Le nouveau chef du parti majoritaire avait bien compris la force en puissance que représetait un mouvement aussi vaste : il était simple de touver des contestataires prêts à légitimer une stratégie alternative. D'autant que les chiraquiens en fin de règne et occupés à gouverner se faisaient moins regardant. Le nouveau président du parti de la droite et du centre se fit donc premier opposant. La position est facile : il peut « agir » eet contester.


Mais à ce moment, il doit trouver le terraux pour élargir le cercle des sarkozystes. Au centre, les gens sont satisfaits de Jacques Chirac, ils ne tiennent pas à se faire encombrants. Et puis soyons francs, le sarkozysme est plutôt une doctrine qui a vocation à s'implanter par la droite conservatrice et libérale du parti. Justement, ça tombre drôlement bien, c'est là que les gens sont les plus mécontent du gouvernement en place jugé trop mou et trop peu volontariste. Le crénau est donc trouvé : plus de libéral, plus de sécurité, plus de droite ! Et comme il est toujours plus simple de critiquer, le succès est immédiat.


La vague interne se transforme en tsunami : l'UMP devient toute entière vouée à Sarkozy. Dans ce bain ultra-libéral et conservateur, bon nombre de centristes ne sont plus tout à fait à leur aise. Voilà le début d'un irrespect qui va aller croissant. Tout ce qui n'est pas sarkozyste n'est pas UMP, ou est très mal vu. Les chiraquiens ou chiraco-villepinistes sont alors montrés du doigt. Ils sont devenu les moutons noirs alors que les centristes sont simplement ignorés. Forcément, cela aura des conscéquences sur la suite des choses.


La suite des choses


Aujourd'hui, la situation est celle que l'on connait. Je me suis permis une ellipse temporelle concernant les présidentielles de 2007 car il me semble que je les ai suffisemment analysées, racontées... La suite des choses sont simple. L'UDF a fini par disparaître pour laisser place au Nouveau Centre comptant 23 députés et au MoDem comptant 3 députés (non-inscrits) et l'UMP est toujours majoritaire à l'Assemblée et majoritairement sarkozyste.


En effet, l'UMP, après avoir été le grand parti de la droite et du centre de 2002 à 2007 (voire 2004) redevient subitement un parti de droite traditionnel. La bataille interne entre sarkozystes et chiraco-villepinistes a eut une conscéquence insoupçonnée : les centristes ont disparu du débat. Ignorés pendant trois ans (de 2004 à 2007), les centristes de l'UMP ont finit par disparaître de la surface. Pourtant, ils sont toujours là. Et des voix commencent à s'élever contre ce qui apparaît comme une « RPRisation » de l'UMP.


En effet, l'UMP est notamment confrontée au mécontentement de formations et clubs de réflexion associés, qui lui reprochent de ne pas assez prendre en compte les différentes sensibilités du parti. La ministre du logement Christine Boutin, ex-UDF et présidente depuis 2002 du Forum des républicains sociaux (8.000 adhérents revendiqués), a saisi l'occasion d'un conseil national de son parti pour passer à l'attaque. L'UMP « est en train de redevenir un parti replié sur lui-même », a-t-elle lancé. « Si l'UMP reste l'expression unique de l'ancien RPR, elle fera 15-17% aux élections européennes et régionales », a-t-elle mis en garde.


Les parlementaires issus de l'UDF, qui ont rejoint l'UMP en 2002, ont eux aussi des revendications. C'est le cas de Claude Goasguen et Hervé de Charette, co-dirigeants du club de réflexion « Convention démocrate », qui veulent l'instauration de courants au sein de l'UMP. « Il faudrait que l'UMP se souvienne qu'elle n'est pas que le RPR », souhaite M. Goasguen. « Les colloques et les groupes de travail tout préparés n'inciteront pas les gens à venir adhérer », a-t-il déclaré à l'AFP. « Il faut que ce parti soit beaucoup plus vivant ».


Messieurs de Charette et Devedjian se sont récemment affrontés, par voie de presse interposée. Le premier a reproché au second sa « présidence brejnévienne » à la tête d'une UMP « RPRisée ». « Les militants UMP désertent nos permanences. Il y a un vrai malaise dans ce parti », a affirmé le député du Maine-et-Loire. « Je connais le prix des états d'âme de M. de Charette, il est de 600.000 euros! », a répliqué M. Devedjian, évoquant le montant de la subvention refusée par l'UMP à la « Convention Démocrate ».


De son côté, le Parti radical (10.000 adhérents revendiqués), présidé par le ministre d'Etat Jean-Louis Borloo et qui compte 24 députés et sénateurs, affirme avoir « une série de particularismes » qui lui évitent ce « problème existentiel », selon son président d'honneur, André Rossinot. « Je souhaite aussi qu'on joue toutes les sensibilités de l'UMP, parti de la droite républicaine et du centre, dans sa complexité », souligne-t-il cependant.


Le Nouveau Centre pour sa part réclame « des règles du jeux plus claires » et « le respect de chacun » alors que, comme je le disais dans mes précédents billets, la grogne monte au sein notamment du groupe Nouveau Centre. Les « affaires » se multiplient dans un contexte où les sensibilités du chacuns sont exacerbées.


Et maintenant ?


Je crois que nous sommes face à un vrai problème de communication au sein de la majorité. Ce problème est un problème globale. Il est présent, tant entre la majorité parlementaire et le gouvernement qu'entre les différentes sensibilités de la majorité. C'est une certitude que j'ai : si nous continuons en ce sens, l'UMP finira par redevenir un parti de droite traditionnel. Déjà au Nouveau Centre, nous voyons arriver d'anciens UMP... Et je suis sûr et certain que le Parti Radical a vu ses effectifs gonfler en terme de militants ces derniers mois.


A titre personnel, j'appel l'ensemble des centristes de l'UMP qui ne se reconnaissent plus dans un parti qui ressemble de plus en plus au RPR de rejoindre le Nouveau Centre. Le Nouveau Centre souhaite reconstruire la maison UDF telle qu'elle était en 1993. Avec les partisans de Boutin, les radicaux, les démocrates libéraux, les centistes attachés à la collaboration avec la droite. Nous ne voulons pas créer une UMP bis, nous ne voulons pas non plus d'un MoDem. Simplement nous pensons que le système du parti unique a montré ses limites. Nous pouvons tous ensemble être des partenaires exigeants et entendus. C'est une certitude que j'ai, c'est une conviction que je porte.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

I could give my own opinion with your topic that is not boring for me.