mardi 26 février 2008

Désacralisation ou vulgarisation ?

"Touche moi ! Touche moi pas tu me salis !
- Et bien alors casse toi pauvre con !"


Voilà les mots prononcés par le Président au salon de l'agriculture. Après les propos sur les sectes qui sont un "non-problème" en France selon une proche du Président, c'est une nouvelle pierre dans le jardin de la communication présidentielle. La phrase a fait couler beaucoup d'encre et en fera encore certainement couler ! Car non seulement cela tranche dans la forme mais aussi dans le fond. Et ce non-seulement par rapport à Chirac qui allait de bon cœur au salon de l'agriculture mais aussi par rapport à l'image de la Présidence de la République qui avait été véhiculée jusque-là. Aussi certains lui reproche de déssacraliser la fonction présidentielle. Mais je me demande si plus qu'une déssacralisation, il ne s'agirait pas d'une vulgarisation de cette fonction ? Explications.

Depuis 1958 et selon la volonté de De Gaulle et des constituants de l'époque, l'exécutif français est caractérisé non seulement par la force de son rôle mais aussi par le prestige qui y est associé. Cela découle notamment du fait de l'instabilité qui u parlementarisme du précédent régime. Aussi, le Président de la République jouit depuis cette époque du prestige de la fonction hérité de la constitution mais aussi de la pratique et de la coutume. En effet, le premier Président de la 5ème République n'est autre que Charles de Gaulle, l'ont suivit Pompidou, VGE, Mitterrand et Chirac. Toujours des hommes dont le charisme a ajouté à la dimension mystique de leur fonction.

Aussi, cette sacralisation de la tête de l'exécutif français allait certainement parfois trop loin. Je pense qu'on ne peut avoir un Président intouchable, sans pour autant qu'il ne soit pas stable. Autrement dit, il me semble nécéssaire, à la fois d'avoir un Président de la République jouissant d'une responsabilité politique, même limité, tout en lui conservant son immunité pénale de manière à assurer une certaine stabilité dans la représentation physique de la fonction.

En ce sens, l'action de Nicolas Sarkozy va dans le bon sens. En effet, le fait de "casser le cloche de verre" (l'expression est de moi, les guillemets ne sont qu'à moitié justifiés) qui recouvrait la personne du Président de la République est une chose positive. Donner à cette fonction une impulsion nouvelle, une plus grande présence est une chose incontestablement positive. Je pense même que Nicolas Sarkozy était le seul des candidats à la présidentielle de 2007 en capacité de faire cela.

Mais au delà de briser les barrières inutiles et de déssacraliser un fonction présidentielle qui apparaissait parfois plus proche des traditions monarchiques que des traditions républicaines, Nicolas Sarkozy a commencé à vulgariser l'image du Président de la République. S'il persiste dans ses méthodes, il semble que l'on risque à terme d'assister à une perte de légitimité dans l'exercice de l'autorité de l'exécutif. Ainsi, on pourrait avoir à faire face à une crise d'image de la personne du Président de la République qui se caractériserai certainement par une chute dans les sondages et plus grave, à une crise de confiance dans la fonction présidentielle, crise qui pourrait handicaper un ou plusieurs des prochains successeurs de Nicolas Sarkozy.


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