jeudi 14 février 2008

Quand l'unisson n'unit plus...

L'UMP a été dans sa création un formation rassemblant des personnes aux idéaux parfois très différents. En effet, au lendemain du 21 avril 2002, monsieur Chirac propulsé à l'Elysée avec un score record de 80% face au candidat de l'extrême droite Jean-Marie Le Pen refusa de faire un "consensus national" et préféra construire "un grand parti de la droite et du centre." L'UMP voyait donc sa création rafler quelques grandes figures de l'UDF en amputant cette dernière d'un certains nombres de ses formations constituantes comme les Radicaux Valoisiens, Démocratie Libérale etc etc. Mais cinq ans après sa création, l'UMP n'a pas réussit à imposer l'union parfaite ni à droite, ni au centre. Ainsi cela se remarque par deux phénomènes parallèlement observables en ce moment : la subsistance de formations centristes en dehors du grand parti et la multiplication des candidatures dissidentes aux municipales. Explication.

L'UMP ou Union pour un Mouvement Populaire a vu mainte fois sa stratégie récompensée, notamment lors d'élections nationales. Ainsi aux législatives de 2002 puis 2007 et aux dernières présidentielles, l'union a effectivement fait la force de la formation politique de droite. On a pu dans ce sens observé la confirmation par l'exemple de la célèbre maxime "l'union fait la force." Majorité au parlement deux fois de suite, présidentielles qui ressemblaient sous certains aspects à une formalité (notamment du fait de l'absence de "petits candidats" de droite traditionnelle, tous rassemblés derrière Nicolas Sarkozy, à l'image de Christine Boutin du Forum des Républicains Sociaux), l'UMP s'impose comme une force politique, voire même selon certain comme un rouleau compresseur sans pitié, une machine de guerre électorale.

Mais comme toutes mécaniques, l'UMP a ses faiblesses. La première qui a été visible l'a été dès sa création : l'UMP qui se voulait la formation française de la droite et du centre n'a pas réussit son OPA sur l'UDF de l'époque. Affaiblit mais pas assassinée, la formation du centre, centre-droit a subsisté jusqu'en 2007 sans jamais se soumettre au grand parti. Aussi, lorsque l'UDF a périt, sous les coups qui lui ont été porté en interne par son propre leader, c'était pour laisser place à deux formations : une dans l'opposition et une favorable à la majorité présidentielle mais toujours indépendante, vous aurez bien sûr reconnu respectivement le Mouvement Démocrate de François Bayrou et le Nouveau Centre d'Hervé Morin, André Santini, Jean-Christophe Lagarde, Christian Blanc et bien d'autres.

La seconde limite à la force de la formation de droite est plus que jamais visible à l'occasion des municipales qui se déroulent en ce moment même mais l'était déjà lors des dernières législatives. Il s'agit de la multiplication des candidatures dissidentes. L'exemple le plus spectaculaire est celui de la mairie de Neuilly. Mais il n'est pas le seul. Selon libération.fr il est même "l'arbre qui cache une forêt de dissidence." Qualifié de "syndrome Teullé" du nom du responsable UMP de Neuilly nouveau candidat dissident après le retrait de David Martinon et l'investiture par le parti présidentiel de l'ancien candidat dissident non membre de la formation Jean-Christophe Fromentin (vous suivez toujours ? ne vous inquiétez pas vous allez pouvoir reprendre votre respiration bientôt), la dissidence est de plus en plus présente.

En effet, les ambitions personnelles et le refus des parachutages font se multiplier les candidatures dissidentes à droite.

C’est le cas à Aix-en-Provence, Cherbourg, Colmar ou encore Metz où la liste UMP de Marie-Jo Zimmermann fait face à celle du maire divers droite, Jean-Marie Rausch : «Paris m’a demandé de la prendre sur ma liste, ce qu’elle avait accepté, raconte-t-il, mais j’ai appris par les journaux qu’elle avait reçu l’investiture officielle de l’UMP. Personne ne m’en avait avisé !» A Cannes, Philippe Tabarot, candidat dissident, minimise son exclusion de l’UMP. «Pour une élection municipale, l’appartenance partisane n’est que secondaire», expliquait-il, lundi. Certains sont moins conciliants. A Nice, Jacques Peyrat, maire (ex-FN, ex-UMP) et candidat à sa succession, s’exaspère du terme : «Il n’y a pas de liste dissidente. Le comité central de l’UMP a choisi de propulser Christian Estrosi mais je ne l’explique pas. La doctrine habituelle, c’est qu’un maire crédible soit reconduit
.»

Mais la Province n'est pas la seule touchée par ce syndrome ! C’est mêm
e à Paris, dans les arrondissements où la droite ne craint pas la défaite, que le système Sarkozy semble le plus mal en point. Symbole de la cacophonie de l’UMP, la situation du XVIIe arrondissement où Françoise de Panafieu devra affronter son ancien collaborateur, François Asselineau. Même dans le XVIe, l’UMP n’a pas trouvé d’accord : David Alphand, un responsable de l’UMP, se présente contre Claude Goasguen, le candidat officiel. Dans le VIIIe, le maire sortant, François Lebel affrontera le candidat estampillé par l’UMP, Pierre Lellouche… Quant au XVe, il est lui aussi le théâtre d’un affrontement fratricide. Et même la protégée du Président, Rachida Dati pourrait trouver un dissident sur le chemin de la mairie du VIIe

La partie pour les municipales ne semble pas jouée d'avance et il apparait que la théorie du partie unique ne fonctionne pas, une fois de plus. Je pense qu'au lieu d'essayer vainement de faire parler voire penser une somme importante de gens de la même manière, la droite et le centre devrait essayer de reconnaitre les particularismes de chacun et d'en faire une force. Pour cela il faut accepter l'existence de familles politiques diverses et les laisser évoluer en formations autonomes, que ce soit sous formes de partis affiliés à l'image du Parti Radical Valoisien ou de partis indépendants comme le Nouveau Centre. Elles permettent d'estomper les aigreurs partisanes ou de conviction et ne seraient pas forcément source de division en ce sens que chacun, dans un désir de victoire, saura négocier des accords, des alliances. Ainsi, le dialogue étant nécéssaire entre formations différentes, le risque de candidatures dissidentes serait amoindri. Il faut y penser, car aujourd'hui il apparait que l'unisson n'unit plus !

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