mercredi 23 janvier 2008

Italie : quand les catho filent à l'anglaise !


ROME (Reuters) - Le président du Conseil italien Romano Prodi a décidé de soumettre son gouvernement à un énième mais risqué vote de confiance, après la défection d'un allié centriste qui le prive en théorie de majorité au Sénat.

Clemente Mastella, qui a démissionné mercredi dernier de son poste de ministre de la Justice après avoir été mis en cause dans une affaire de corruption, a annoncé lundi soir qu'il se retirait de la fragile coalition de neuf partis au pouvoir et souhaitait la tenue d'élections législatives anticipées. L'Udeur, parti de Mastella, a fait savoir mardi qu'il ne voterait pas la confiance au gouvernement, ni à la chambre basse mercredi ni à la chambre haute, où son retrait de la coalition au pouvoir prive le gouvernement de majorité même le ministre de l'Environnement Alfonso Pecoraro Scanio, lui-même soumis à une motion de défiance au sujet de la crise des déchets dans la région de Naples, n'a pas exclu un retour de l'Udeur au sein de la coalition.


Le coup pourrait se révéler fatal pour le chef du gouvernement de centre gauche, arrivé au pouvoir en 2006 après avoir battu de justesse la droite emmenée par Silvio Berlusconi."Seul le parlement peut décider du sort du gouvernement", a déclaré "Il Professore" devant la Chambre des députés, où il détient une confortable majorité et devrait obtenir facilement la confiance lors du vote programmé mercredi à 18h00. Mais Prodi soumettra aussi, jeudi à 20h00, son gouvernement à un vote de confiance du Sénat, où même avant la défection de l'Udeur, le parti de Mastella, il n'avait plusieurs fois dû sa survie qu'au soutien des sénateurs à vie, non élus.


Face aux députés, l'ancien président de la Commission européenne a défendu le bilan de son action économique, souligné qu'il avait assaini les dépenses publiques et soutenu la croissance, et redonné aussi à l'Italie un rôle plus important sur la scène européenne et mondiale. Le chef du gouvernement a expliqué que l'Italie avait besoin d'un gouvernement stable pour affronter les incertitudes financières actuelles. "Nous avons surtout besoin de continuité à un moment où l'économie mondiale est confrontée à des développements négatifs dont ne connaissons pas encore les conséquences ultimes", a-t-il dit.


"MASOCHISME"


En février dernier, Prodi avait bluffé pour resserrer sa coalition en démissionnant avant d'être reconduit par le président Giorgio Napolitano. Mais cette fois, une défaite devant le Sénat signerait la fin de son mandat.


"Je m'attends encore à ce qu'il se démène pour s'en sortir, mais j'espère que ce ne sera pas le cas et que nous irons droit vers des élections", a commenté Berlusconi.L'opposition de centre droit, en tête dans la plupart des sondages, n'en est pas moins elle aussi minée par les divisions mais l'Alliance nationale de Gianfranco Fini a promis de soutenir la nomination de Berlusconi comme président du Conseil si des élections sont convoquées.


"J'espère qu'à la dernière minute, Mastella reconsidèrera sa position. Ce serait du masochisme que de redonner l'Italie à Berlusconi", a déclaré Pecoraro Scanio, chef de file des Verts. La ministre de la Famille, Rosy Bindi, a pour sa part estimé qu'il y avait encore place pour reprendre le dialogue.


Depuis le retour au pouvoir du centre gauche, le parti de Mastella, le plus à droite de la coalition, tout comme les communistes à l'autre bord, ont donné du fil à retordre à Romano Prodi, qui a déjà soumis son gouvernement à une trentaine de votes de confiance. En cas de défaite du président du Conseil devant le parlement, le président Giorgio Napolitano pourra convoquer des élections anticipées ou nommer un gouvernement intérimaire. Il aura aussi pour tâche de superviser la réforme du système électoral destinée à réduire l'instabilité gouvernementale.


L'impact de cette crise politique italienne sur les milieux financiers n'est guère perceptible, en raison de la crise plus générale qui a secoué les marchés lundi. Elle "n'affectera pas le reste de l'Europe", a déclaré mardi le commissaire aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia.


Par Stephen Brown

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