mardi 11 mars 2008

Des visions différentes


Le premier tour des élections municipales, comme tout scrutin, a laissé place aux interprétations de chacun. Bien entendu, les leaders politiques ne sont pas en reste. De gauche à droite, on scrute et on prépare la lutte. Ainsi, le MoDem se pose comme un arbitre, à défaut de pouvoir jouer, entre une droite et une gauche qui capitalisent à elles seules aux alentour de 87% des voix.

A Droite, on croit en un vote local et une défaite limitée

À Droite, l'opération «sauvons ce qui peut l'être encore» est lancée. Soulagés par les résultats de dimanche, l'Élysée et l'UMP veulent croire que la «vague rose» pronostiquée par les sondeurs n'aura pas lieu au second tour. Si le président de la République doit demeurer discret au moins jusqu'au lendemain du second tour, le premier ministre a prévu d'être sur le terrain tous les jours. S'imposant un peu plus comme chef de la majorité dans la dernière ligne droite de cette campagne. On confirme donc la volonté de promouvoir un vote local, censé éviter l'interprétation d'une défaite en sanction contre le gouvernement. Cette logique tranche singulièrement avec la volonté affichée par l'UMP de nationaliser et de politiser le débat avant le premier tour.

A Gauche, on veut résolument "sanctionner" le gouvernement

La gauche, quant à elle, espère transformer «l'avertissement» du premier tour en «sanction» contre Nicolas Sarkozy. «Il faut faire comprendre le message au président et au premier ministre», répète à l'envie François Hollande. Pour cela, la stratégie "Elle s'appelle madame Delaunay, madame Delaunay, madame Delaunay !" va être réemployée. On n'a pas d'idées, martelons-les ! Dans cette optique, le premier secrétaire du PS devrait se rendre cette semaine à Périgueux, où le ministre de l'Éducation Xavier Darcos est en danger et, aujourd'hui, l'ancienne candidate à la présidentielle Ségolène Royal doit se rendre à Colombes, où la protégée du président, Rama Yade, risque de manquer son baptême du feu électoral.

Au MoDem, on fait arbitre (mais c'est bien quand même) !
Entre la droite et la gauche, il reste le MoDem, dont le score national, très modeste, s'élève à 3,74 %. Mais dans certains endroits, les électeurs du parti de Bayrou se trouvent en situation d'arbitre. Le MoDem peut se maintenir dans 37 villes de plus de 30 000 habitants, où il a obtenu plus de 10 % des voix. «Le MoDem est courtisé par tout le monde, sauf par son électorat. À l'UMP, on n'y échappe pas», résume avec ironie et lucidité Devedjian. «Le résultat du MoDem est très décevant. Il n'est pas en mesure d'être l'arbitre national comme il l'avait été à la présidentielle», veut croire Hollande, qui rejette l'alliance avec le centre.

À gauche, le débat sur le MoDem a suscité le trouble. Comme au lendemain du premier tour de la présidentielle, Ségolène Royal a tendu la main aux centristes dès dimanche soir, en souhaitant des alliances «partout avec le MoDem». Une déclaration accueillie avec scepticisme par la plupart des socialistes. «Je suis pour une coalition arc-en-ciel, mais pas pour la confusion», explique par exemple Julien Dray en critiquant l'ambiguïté du MoDem. Catégorique, François Hollande assure qu'il «n'y a pas de stratégie d'alliance» avec les centristes. Lundi, Ségolène Royal a donc fait un pas en arrière en expliquant qu'il n'y aurait pas «de discussion d'appareil, mais des alliances locales». À Chartres, la candidate PS Françoise Vallet devait fusionner lundi soir sa liste avec celle du MoDem. À Paris, Bertrand Delanoë n'a pas cherché à nouer un contact avec la centriste Marielle de Sarnez. «La position assez floue que le MoDem a exprimée révèle à la fois des divergences sur le fond, mais aussi certaines convergences», a-t-il déclaré lundi . Un partenariat sera possible «une fois le Conseil de Paris élu». Dans son entourage, on précisait cependant qu'il «n'y aurait pas d'élu MoDem dans l'exécutif de la ville».

À l'Élysée, on fait une lecture opposée. «Le président n'a pas envie d'aider Bayrou à Pau. C'est à lui de venir vers nous, pas le contraire», assure un proche du chef de l'État. Lundi soir, Bayrou a rejeté avec virulence la proposition de «négociation globale» de l'UMP en la qualifiant de «manœuvre électorale». «Je ne renonce pas à ce que je crois», a-t-il expliqué. "Il semble que la porte
ait été refermée. Nous en prenons acte", a dit M. Devedjian, qui n'excluait pas toutefois des accords localement avec le parti centriste "au cas par cas". Au bout du compte, le MoDem ne joue pas au second tour et peut à peine jouer les arbitres, souffrant avant tout du rejet de la gauche du fait de sa position plus que floue et incohérente et de son entêtement à refuser la main tendue de la droite.

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