mardi 25 mars 2008

Les petites phrases d'aujourd'hui écrivent les grandes lignes de demain...

Plus d'élections locales avant 2010. Un échéquier politique remanié et rééquilibré par les municipales. Des partis qui cherchent comment préparer 2012 et son échéance présidentielle. Le contexte est propice aux batailles internes. Et si celles-ci sont un mode de fonctionnement -plus ou moins efficace, je n'en jugerai pas ici- pour le Parti Socialiste, personne n'est en reste. De la droite nationale à la gauche radicale, tour d'horizon des formations politiques en "reconstruction", "construction", "rénovation"...


Le Front National


Après avoir vu son électorat siphonné par l'UMP sarkozyste, le parti lepéniste est en crise. Une crise qui s'est confirmée par un nouveau recul enregistré à l'occasion de ces municipales. Aussi, le leader du FN, emblématique et charismatique Jean-Marie Le Pen arrive en fin de parcour. Et si les anciennes divergences internes quant à la suprématie du chef de clan ont toujours aboutit à une marginalisation des dissidents (on se souvient de Bruno Mégret et de son MNR), aujourd'hui, le jeu est différent. Ainsi, si Marine Le Pen qui s'est illustrée à l'occasion des dernières législatives sous le regard attendri du paternel, ses scores aux municipales restes relativement décevants. Aussi ne fait-elle pas l'unanimité dans le Royaume, microcosme étouffé finalement par un leader omnipotent en interne et inefficace en externe.


Cela devrait pouvoir laisser place à de nouvelles velléités. Les candidats à la succession devraient pouvoir se faire connaitre d'ici peu. Cela sous couvert que l'héritière ne supplante pas ses concurrents, manœuvre aboutissant vraisemblablement par un éclatement et une mort certaine de la famille nationaliste et patriote. Historiquement, c'est une thèse relativement probable et soutenable en cela que ce qu'on appel l'extrême droite a toujours vécu au travers d'un homme avant de s'éteindre durant des périodes plus ou moins longues. Après, Poujade, il fallut attendre la percée du monsieur Le Pen... Après Le Pen, qui sait si le parti saura continuer, il est toutefois permis d'en douter...



Le Mouvement Pour la France


Ici, il est fort probable que le chef reste en place. En effet, Philippe de Villier, vu son âge et son ambition (ou plutôt son caractère), ne saurait laisser sa place à un guillaume Peltier qui se contentera certainement d'établir une fois encore une nouvelle stratégie pour le MPF. En effet, C'est déjà ce jeune homme qui est à l'origine du "virage à droite" de son mentor (ou son poulain vu l'influence qu'il exerce sur le souverainiste vendéen) et c'est encore lui qui a négocié les accords avec l'UMP pour entrer dans la majorité. Car si cet évènement est passé inaperçu aux yeux du grand public, il remet en cause toute l'organisation du MPF. Parti du RPF qui n'était qu'une branche souverainiste et euro sceptique de la droite traditionnelle alors représentée par le RPR, le MPF s'était éloigné pour chasser sur les terres du FN avec un succès tout relatif.


Aujourd'hui, il se place comme "une droite nationale de gouvernement". Cela implique de égocier un virage dangereux : celui de la négociation avec des partis de parlement, notamment l'UMP, pour s'inscrire dans une majorité et entrer au gouvernement. On a d'ailleurs longtemps entendu parler d'une éventuelle entrée de monsieur De Villier au ministère de l'agriculture, chose qui ne s'est pas faite. C'est une stratégie largement employée aujourd'hui par les partis "d'importance secondaire" (argh que je hais cette considération) dans un contexte de plus en plus prononcé de bi-polarisation de la vie politique. Le MPF passera-t-il d'une logique de contestation à une logique de négociation ? L'électorat suivra-t-il ? Les questions restent posées.



L'Union pour un Mouvement Populaire


Sarkozy est au pouvoir. Le but ultime de l'action de ce mouvement est atteint. Ce qui le faisait se mouvoir ne peut lui servir de moteur plus longtemps. Aussi, si les sarkozystes pensent aujourd'hui à conserver le pouvoir et à soutenir l'action gouvernementale, cela ne fait plus l'unanimité. Cela vient du fait des premiers déçus du sarkozysme. Les frasques du président en ont déboussolé plus d'un et la grogne gagne. Les fidèles sont majoritaires mais les "alternatifs" voient grossir leur rang. Cela tranche avec l'ultra minorité d'opposition qu'on représenté récemment Nicolas Dupont-Aignant (qui a fini par quitter l'UMP pour créer sa propre formation "Debout la République" tant la pression était forte) et Dominique de Villepin a qui ce non-alignement sur le sarkozysme a peut-être coûté sa carrière.


Les mécontents sont notamment visibles à l'échelle locale. Car l'UMP sarkozyste, véritable machine de guerre a voulu trop de fois imposer ses candidats aux dépends d'une droite locale agacée voire excédée. Cela a eu pour conséquence la multiplication des dissidences et la défaite dans certains cas. Récemment, les municipales ont fini de déconcerter les concerts de choeurs de l'armée bleue.


Cependant, le Président a pris les devant lors de sa prise de pouvoir en imposant une direction collégiale évitant de voir se dégager un nouveau leader. Les chiraquiens et autres déçus sauront-ils outrepasser cette difficulté ? En auront-ils la possibilité ? Ils sont minoritaires malgrès tout... Et que nous réserve le Parti Radical valoisien dont le nouveau Président Jean-Louis Borloo a affirmé vouloir faire de ce parti le premier parti de France en s'éloignant de l'UMP ?



Le Nouveau Centre


Le congrès arrive ! Les 24 et 25 mai prochain à Marseille... Et cela attise déjà les convoitises. Qui sera le leader de notre parti en construction ? Je ne lencerai pas le débat dans cet article, d'autres sont là pour cela et d'autres encore viendront l'alimenter. Mais on pourra cependant relever les candidatures d'Hervé Morin et de Jean-Christophe Lagarde, deux personnalités très différentes aux stratégies différentes.


Mais on peut aussi se demander si des personnes comme Christian Blanc, entré récemment au Gouvernement ou André Santini ne voudraient pas prétendre à la fonction... Ils l'avaient déjà dit, ils avaient été entendu à l'époque, ouvrant ainsi le débat sans que cela ne réponde à la question du leadership. Ce débat est notamment visible sur le forum du Nouveau Centre dont le lien est présent dans la colonne de droite.


Enfin, la stratégie face au collaborateur de la majorité, à savoir l'UMP, est aussi en question. Notre collaboration difficile lors de ces municipales a remis en question la présence de listes autonomes, notamment à l'occasion d'élections supranationales, en l'espèce les prochaines élections européennes. Tout cela sera à débattre et à définir à l'occasion de ce prochain congrès.Tout comme la proposition de Jean-Christophe Lagarde d'une direction bicéphale, ce qui serait, je pense, détestable, j'y reviendrai...



Le MoDem


Au MoDem, la question du leadership ne se posera pas, simplement parce qu'il ne reste que Bayrou et des militants... Ah, peut-être Marielle de Sarnez, mais non ! Bayrou est le parti, Bayrou et MoDem ne font qu'un.


La seule question qui se posera éventuellement sera celle de la stratégie. Alliances sauvages ou autonomie stérile ? L'entêtement de François Bayrou ne laissera peut-être pas la place au débat. L'avenir de la formation centriste est plus qu'incertain au lendemain des municipales. La précipitation avec laquelle s'est créé le MoDem, enchainant forum des démocrates et congrès fondateur, il ne leur reste rien pour prévoir l'avenir... Sauront-ils réfléchir en dehors des rassemblements prévus à cet effet ? L'université d'été qu'ils ne manqueront pas d'organiser aura-t-elle raison de l'immobilisme ambiant ?



Le Parti Socialiste


Le PS, fort de ses succès locaux - sept grandes villes sur dix, plus de la moitié des départements - réunit ce mardi son Conseil national (un "parlement" de 300 membres dont la centaine de Premiers secrétaires fédéraux). Outre le bilan des élections, il examinera le "processus de rénovation" et le calendrier du parti. Sa "commission de rénovation" est tombée d'accord pour un Congrès du 7 au 9 novembre (Toulouse, juste conquise, étant citée pour l'accueillir). Congrès essentiel qui doit désigner le successeur de François Hollande.


Cette date ne fait pas l'unanimité, des proches de Ségolène Royal plaidant pour un Congrès anticipé avant l'été. Elle devrait néanmoins être validée par ce Conseil auquel doit participer l'ex-candidate à l'Elysée. Cette dernière a jugé le calendrier envisagé "tardif", sans en faire un casus belli. Mais l'initiative des fédérations a déclenché l'ire de Vincent Peillon, proche de Ségolène Royal. Il soupçonne François Hollande de vouloir compter ses troupes et dénonce un "texte de fraction".


Les divergences se cristallisent sur le profil des prétendants : Premier secrétaire de transition, chef d'équipe ou présidentiable pour 2012 ? Les sondeurs s'en mêlent : selon CSA, pour 40% des Français, Bertrand Delanoë serait le meilleur Premier secrétaire, devant Ségolène Royal (36%) qui domine chez les sympathisants socialistes (59%). Martine Aubry, réélue triomphalement à Lille, revient en force (29% des Français, 39% des sympathisants PS). D'autres candidats se sont fait connaître, les députés Julien Dray, Manuel Valls, Pierre Moscovici. Aucun n'est a priori présidentiable.


Chacun fourbit ses armes, au grand jour ou dans la discrétion. Ségolène Royal, qui a sillonné la France pendant la campagne des municipales, ne cache pas son ambition : être "majoritaire" au Congrès autour d'un texte d'orientation. Selon des estimations internes au PS, elle ne représenterait cependant qu'entre 25 et 30% du parti. Son lieutenant Peillon souhaite qu'elle puisse "conduire la rénovation du PS", sans que cela induise automatiquement une candidature. Les maires de Paris et Lille, quant à eux, sont restés discrets sur leurs ambitions. Jusqu'au 21 avril, date du prochain conseil de Paris, Bertrand Delanoë "parachève son exécutif", souligne un proche. "Après, il pourra commencer à ouvrir portes et fenêtres et regarder l'horizon".



Le Parti Communiste


André Gerin, maire communiste de Vénissieux, commune de la banlieue sud de Lyon, annonce ce lundi dans le Figaro son intention de porter candidat à la succession de Marie-Georges Buffet, secrétaire nationale du PCF. Il critique l'obsession de l'union de la gauche de certains de ses camarades, et ajoute : "Il faut savoir si l'on accepte les coups de Jarnac, si l'on se satisfait de voir des candidats socialistes se faire épauler par la droite pour battre les communistes. Je ne suis pas partisan d'adopter une attitude revancharde, mais il faut couper le cordon ombilical avec les dirigeants du PS et voler de nos propres ailes"...


Réélu au premier tour (52,61%) des municipales à Vénissieux - à la tête d'une liste d'union de la gauche où le PS tient une large place, André Gérin annonce sa candidature, "pour sortir le PCF de l'ornière et du microcosme parisien". Selon lui, la direction actuelle du PCF est "déconnectée du peuple de France", et le message de sa secrétaire nationale "inaudible". La faiblesse du parti affaiblit du coup toute la gauche, rappelle-t-il, privant notamment Ségolène Royal de réserves lors du second tour ses présidentielles 2007.


D'ici au prochain congrès, prévu à la fin de l'année, André Gérin va "entreprendre un tour de France pour aller à la rencontre des classes laborieuses et populaires". Adhérent du PCF depuis 1964, élu au comité central pendant vingt-et-un ans, il se croit "capable de rassembler la famille communiste". Pour "combattre bille en tête la droite sarkozienne en redonnant une crédibilité, une lisibilité à un projet alternatif anticapitaliste".



La Ligue Communiste Révolutionnaire


La stratégie est à la création. Une nouvelle formation pour de nouveaux horizons, cela nous rappel le MoDem... Ce projet sera-t-il plus porteur que celui de Bayrou ? Il semble que les moyens employés soient très différents; Plus lent, plus réfléchit et a priori moins autocrate, Olivier Besancenot se comporte comme un rassembleur et un bâtisseur. Tout autre chose finalement que le Mouvement Démocrate !


Mais si monsieur Besancenot prétend ne pas vouloir faire de ce parti « son » parti, il n'en est pas moins qu'il apparaît comme l'homme de la gauche radicale. Ce nouveau parti saura-t-il se passer de ce leader charismatique ? Ce leader dans l'âme saura-t-il se mettre en retrait dans cette nouvelle formation ? Encore une fois, il est permi de douter...

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