lundi 24 mars 2008

Hervé Morin répond à Jean-Christophe Lagarde


Hervé Morin invité de RTL (21 mars 2008)
envoyé par rtl-fr


Vous serez tout à l'heure à Cherbourg avec le Président de la République pour assister au lancement du "Terrible", le quatrième sous-marin nucléaire lanceur d'engins. C'est encore utile ce genre d'équipement pour un pays qui est confronté à des menaces qui ont quand même considérablement changé ?

Bien sûr que c'est utile. Le sous-marin nucléaire lanceur d'engins - c'est notre force de dissuasion. C'est en quelque sorte notre assurance-vie. C'est notre capacité de dire à toute nation qui voudrait nous agresser que nous sommes en mesure de défendre nos intérêts vitaux. C'est le quatrième sous marin nucléaire lanceur d'engins nouvelle génération qui sera mis en service en 2010 ; mais c'est le premier qui sera équipé des nouveaux missiles qui sont les missiles M 51.

Mais quand l'ennemi s'appelle Al Qaïda, par exemple, le sous-marin nucléaire lanceur d'engins, ce n'est pas très adapté, quoi ?

C'est pour cela qu'il nous faut à la fois moderniser notre outil de défense. C'est tout l'objet du livre blanc, moderniser notre outil de défense, notamment pour pouvoir lutter plus efficacement contre le terrorisme, c'est-à-dire notamment améliorer notre connaissance et notre anticipation, notre capacité de renseignements. D'où probablement des efforts importants que nous effectuerons sur le Renseignement, sur l'observation satellitaire pour que nous soyons en mesure de mieux connaître les enjeux, les menaces et les crises potentielles dans le monde. Connaître parfaitement, par exemple, la problématique de la prolifération nucléaire ; et en même temps, continuer à conserver cet outil qui est l'assurance-vie de la Nation, qui s'appelle la dissuasion.

Et vous croyez que l'appeler "le Terrible", ça fait peur à quelqu'un ?

Non, mais c'est un joli nom ; et puis la première génération, c'était de type "Redoutable". On est est passé d'une génération à une autre.

Il y a du progrès ! Le magazine "le Point" de cette semaine dévoile un pré-rapport qui dit que l'Armée va être mise au pain sec, dans les prochaines années. C'est vrai ?

Il nous faut nous adapter, il nous faut nous moderniser. C'est le principe même de la défense. C'est s'adapter en permanence. Alors, on l'a déjà fait à travers la professionnalisation qui avait été décidé en 1996. Mais on a dans l'histoire du pays, le souvenir que si nous ne nous adaptons pas en permanence, nous pouvons menacer gravement nos intérêts.

Souvenez-vous de ce qui s'est passé entre les deux guerres ? Et cette adaptation nous en avons besoin d'autant plus, pour deux raisons. La première c'est que quelque soit, j'allais dire, nos besoins financiers pour financer nos équipements, nous avons une impérieuse nécessité qui est une impérieuse civique, c'est de faire en sorte que chaque euro soit bien dépensé.

Et deuxièmement, nous sommes en train de renouveler la totalité de nos équipements, la totalité ou presque. Les avions, l'A 400 M, les Frégates, les futurs sous- marins nucléaires d'attaque, la force de dissuasion, les hélicoptères, bref... Nous modernisons la totalité de nos équipements et nous avons besoin de marges de manœuvre.

Cette modernisation-là, nous la ferons aussi avec une autre idée, c'est d'améliorer la condition militaire. Nous avons un plan à mettre en oeuvre. C'est un engagement qu'avait pris mon prédécesseur. Ce plan c'est un plan de 350 millions d'euros. Il faut qu'on soit un peu moins nombreux, qu'on soit plus efficace encore pour pouvoir aussi faire en sorte qu'on soit mieux payé.

En avril et mai, on aura les arbitrages définitifs concernant l'armée française ?

J'y travaille toutes les semaines. C'est un boulot considérable, c'est une évolution énorme parce que nous voulons mutualiser et supprimer les doublons, les duplications de service, être en quelque sorte plus efficace et nous présenterons cela après le livre blanc parce qu'il faut qu'on ait aussi les conclusions du livre blanc.

Vous présidez le "Nouveau Centre", Hervé Morin, et on a beaucoup plus parlé du MoDem que du Nouveau Centre pendant les élections municipales. Frustré ?

C'est de votre faute.

Ah, c'est de notre faute ! D'accord.
Mais ce n'est pas de la vôtre ? L'association à l'UMP qui fait qu'on ne voit pas ce qu'est le Nouveau Centre.

Cette formation politique que nous avons créée entre les deux tours, démontre aujourd'hui sa pertinence. Depuis, on a vu au moment des Présidentielles, et ça a été confirmé au moment des Municipales, que l'extrême droite a disparu, ou tout du moins qu'elle s'est profondément effondrée. Et ça, c'est notamment grâce à l'action du Président de la république. Face à cela, on voit très bien que le jeu politique se resitue au centre ; et nous avons, nous, souhaité faire en sorte que le flambeau de l'UDF soit repris à travers cette formation politique. Cette formation politique veut se positionner sur le centre et le centre droit, c'est-à-dire faire en sorte que nous défendions le vieux courant de pensées que représentait l'UDF.

Ce n'est pas ce que fait François Bayrou ?

Non, François Bayrou a fait un autre choix. Il a fait le choix de l'opposition systématique. Il se détourne par la Gauche avec cette double idée simple, c'est :
1. - penser que Nicolas Sarkozy va échouer.
2. - que, par ailleurs, le PS va éclater et donc, il sera le champion de la Gauche Moderne.
On est sur deux schémas complètement différents.

Le congrès du Nouveau Centre se déroulera les 24 et 25 mai prochains, à Marseille. Serez-vous candidat au renouvellement de votre présidence pour ce parti politique ?

Il est fort probable que je sois candidat à la présidence de ce parti.

Fort probable ! Ca veut dire : oui, vous serez candidat ?

Oui, je serai candidat à la présidence de ce parti parce que je veux faire en sorte que cette formation politique retrouve un espace politique qui existe en France. Il y a une famille de pensées qui, à la fois, est attachée aux libertés et qui, en même temps, veut de la Justice. C'est toute la famille libérale d'une part. Et c'est toute la famille démocrate-chrétienne ; et cette famille-là, elle a un vieux fond en France. Et cette famille-là, nous souhaitons faire en sorte qu'elle ait une expression politique ; et c'est pour cela que nous allons nous battre pour la faire exister.

Oui, je serai candidat à la présidence de ce parti parce que je veux faire en sorte que cette formation politique retrouve un espace politique qui existe en France.


D'ailleurs, je me permets de vous signaler que durant ces élections municipales, nous avons fait plus de 2.500 candidats, conseillers municipaux, adjoints au maire, maires. Nous avons des présidents de conseil général, nous avons des conseillers généraux qui ont été élus. Bref, c'est une formation politique qui est en plein développement.

Jean-Christophe Lagarde, député de Seint-Saint-Denis, membre du Nouveau Centre, disait, hier, sur LCI : "Quand on est ministre, par définition, on est tenu à la solidarité gouvernementale ; et donc, on ne peut pas diriger un parti. On n'est pas indépendant".

On peut aussi faire en sorte que dans cette formation politique, il y ait plusieurs moyens d'expression et plusieurs formes d'expression, et qu'il y ait un partage des responsabilités.

La décision d'autopsier le corps de Chantal Sébire choque beaucoup d'auditeurs de RTL, ce matin. Vous, Hervé Morin, vous choque-t-elle cette décision d'autopsier le corps de Chantal Sébire ?

J'ai toujours considéré qu'en France, il y avait un grand mal qui était de commenter les décisions prises par les magistrats. Toutes les démocraties en Europe, jamais un homme politique ne vient à commenter une décision d'un magistrat. Ce que je voudrais dire...

C'est une façon de ne pas répondre à la question parce qu'elle est embarrassante ?

Je veux bien vous répondre sur la problématique de l'euthanasie.

Mais l'autopsie elle-même ?

J'ai toujours refusé de réagir à une décision de Justice. Ce que je pense c'est que sur cette question-là qui est une question essentielle qui touche à la vie et à la mort, il faut avoir la main tremblante. Il faut, bien entendu, éviter de légiférer dans l'urgence et dans la précipitation ; et en même temps, s'interroger sur les conditions qui sont liées à notre statut. Nous sommes un pays laïc ; et ce pays laïc doit pouvoir regarder ce qui se fait à travers le monde et notamment en Europe pour éviter des drames humains comme ceux-là. Mais avant de légiférer, prenons le temps de regarder ce que font les autres et prenons le temps d'évaluer précisément ce qu'a fait la loi Léonetti.

Christophe l'a rappelé tout à l'heure : des Tibétains meurent aujourd'hui. Peut-on faire les Jeux Olympiques dans une dictature comme la Chine, Hervé Morin ?

Il ne faut pas non plus faire porter aux sportifs la totalité de décisions politiques.

Hervé Morin, "le terrible président" du Nouveau Centre, était l'invité de RTL ce matin. Bonne journée.

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