lundi 10 mars 2008

Municipales, ces villes où la gauche mène la danse

A la suite du premier tour des élections municipales de ce dimanche 9 mars, on a vu la gauche "locale" en forme, comme à son habitude. Elle obtiendrait 47,5% des voix contre 40% à l'UMP-Divers droite au premier tour des élections municipales dimanche dans les communes de plus de 3.500 habitants. Je tiens par ailleurs à féliciter l'ensemble des maires, conseillers municipaux et conseillers régionaux élus au premier tour ou "assurés" de l'être à l'aune du second tour, et ce quelque soit leur couleur politique. Je souhaite qu'ils accomplissent leur fonctions dans le respect des intérêts de leur administrés et de leur localité. Pour revenir sur l'actualité dans un sens plus pure, citons ces villes où la droite est en difficulté ou, si vous préférez, la gauche mène la danse. Evènement.

A Toulouse, quatrième ville de France, le maire sortant Jean-Luc Moudenc (centriste, apparenté UMP) est arrivé en tête face au candidat socialiste Pierre Cohen dimanche au premier tour des municipales, marqué par un taux d'abstention de plus de 43%, sans assurance de l'emporter au second tour. Cette ville est contrôlée depuis 37 ans par la droite, dans un département où tous les sièges de parlementaires sont détenus par la gauche.

Malgré un bon bilan, la sénatrice et maire de Strasbourg Fabienne Keller (ex-UDF candidate UMP) n'a pas réussi son pari. La gauche, réunie derrière le sénateur Roland Ries (PS) était nettement en tête hier soir dans la capitale alsacienne, ayant dépassé le cap des 40 %. L'écart avec la majorité sortante est de l'ordre de 9 points. Les Verts franchissent la barre des 5% et la liste Modem pilotée par Chantal Cutajar voit son score être, comme pour celui des verts, très en deçà de leurs espérances respectives. Or, Roland Ries n'a pas fait mystère de son intention de s'allier aux Verts dès le lendemain du premier tour et le MoDem pourrait tout de même constituer une réserve de voix à gauche, une réconciliation avec l'UMP paraissant peu probable.

Bertrand Delanoë, maire socialiste de Paris sortant et candidat à sa propre succession, arrive largement en tête du premier tour des municipales avec 41,6 % des voix, selon les dernières estimations disponibles lundi matin. Son adversaire, l'UMP Françoise de Panafieu, arrive en seconde position avec 27,92 % des voix. Elle est apparue déçue à l'annonce des résultats et a appelé à un rapprochement avec le MoDem ainsi que tout ceux "qui partage la même vision de Paris". Dans le même temps, Marielle de Sarnez, la chef de file du MoDem de François Bayrou, recueille 9,06 % des voix et envisage depuis déjà plusieurs jours un alliance ou un rapprochement avec la liste Delanoë aux dépends de la droite. Le Vert Denis Baupin, qui a choisi de mener sa propre liste bien qu'étant allié des socialistes dans l'actuelle majorité, recueille 6,78 % des voix, une réserve supplémentaire pour le maire de Paris. Les parisiens ne se font pas vraiment d'illusions quant à l'issue du second tour dimanche 16.

« Même dans mes rêves les plus optimistes, je ne pensais pas avoir une telle reconnaissance de la part des Lyonnais », avouait hier soir, Gérard Collomb, sénateur maire socialiste sortant de Lyon. Après avoir ravi en 2001 de justesse la ville à la droite, il obtenait dès hier soir la majorité des sièges au conseil municipal. En effet, il a gagné dès le 1er tour six des neuf arrondissements. Le plus stratégique était évidemment le 3e arrondissement, le plus peuplé, où son challengeur Dominique Perben, ex-Garde des Sceaux a été évincé dès dimanche soir, recueillant seulement 30 % des suffrages. Il affrontait le cancérologue Thierry Philip, par ailleurs vice-président du Conseil régional, et fidèle le plus en vue de Gérard Collomb, qui a obtenu 52,78 %. C'est donc un scénarios difficile pour l'ex-ministre. Défaite également dans le 5e arrondissement pour son jeune lieutenant Michel Havard, secrétaire départemental de l'UMP du Rhône, battu par la maire socialiste sortante Alexandrine Peysson (53,09 % des voix). Le 1er arrondissement, le 7e et le 8e ont également été emportés dès le premier tour par les listes de Gérard Collomb, qui lui-même a totalisé un score de 63,13 % dans le 9e arrondissement où il se présentait personnellement.

Mais cela n'est pas le cas partout, et la droite est aussi parfois en position de gagner voire élue dès le premier tour. Trois exemples marquants.

Alain Juppé serait réélu maire de Bordeaux dès le premier tour. Il recueillerait 55,8% des voix, selon une estimation Ipsos-Dell. Alain Rousset, président socialiste de la région Aquitaine, obtiendrait 35,2 des suffrages exprimés. Ces élections municipales de mars 2008 apparaissaient comme une dernière chance pour Alain Juppé. Battu aux législatives de juin dernier, déchu de son poste de numéro 2 du gouvernement dans la foulée, il ne lui restait que Bordeaux et sa mairie. Celle qu'il avait reconquise lors d'une élection municipale anticipée en octobre 2006, à son retour du Canada - où il s'était exilé à la suite de sa condamnation dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris.

Au Puy-en-Velay, jamais un scrutin local n’avait engendré autant de passions. Jusqu’au dépouillement, la tension entre les deux camps était palpable. Mais, malgré la présence de trois listes, Wauquiez aurait raflé au moins 55 % des voix, un score record pour la droite au Puy. À 32 ans, l’étoile montante de l’UMP ravit donc la mairie à Arlette Arnaud-Landau (56 ans), socialiste sortante qui briguait un deuxième mandat. "Je ressens beaucoup de joie, car c’était une élection très difficile. La municipalité a cherché à instrumentaliser le climat national. Elle n’y est pas parvenue." déclare l’heureux élu.

Jean-Noël Guérini peut-il battre Jean-Claude Gaudin à Marseille ? Ce sera difficile. Selon un sondage Ipsos-Dell, hier à 23h30, Jean-Claude Gaudin menait au premier tour, avec 41 %, contre 39 % à Jean-Noël Guérini. Le Front national Stéphane Ravier serait crédité de 7,6 %, le Modem Jean-Luc Bennahmias de 6,3%, et la liste gauche radicale de 5,6%. Dans un des secterus clé, à savoir le 3e secteur, où le leader socialiste se présente (4e et 5e arrondissements), Jean-Noël Guérini serait distancé, selon la Sofres, avec 36 %. La liste UMP, menée dans ce secteur par Renaud Muselier, premier adjoint UMP, totaliserait cinq points de plus. Cela permet au maire sortant UMP de faire figure de favori. Il faut dire que Marseille a voté à 55,76 % pour Sarkozy, l’an dernier, et la droite a gagné un siège aux législatives.

Christian Estrosi, avec 35 % des suffrages exprimés, sur environ les trois-quarts des bulletins dépouillés hier soir, reste largement favori, même si sa cote a faibli depuis les premiers sondages de l'automne dernier qui le donnaient vainqueur au premier tour. Plusieurs facteurs l'expliquent. En premier lieu, la décision de Jacques Peyrat de briguer un troisième mandat, même sans le soutien de l'UMP. Le maire sortant, avec 23,11 % des suffrages, conserve des fidèles malgré les affaires qui ont ponctué son deuxième mandat. Si la campagne a été dure entre les deux candidats de droite, ce combat fratricide ne devrait cependant pas profiter au candidat socialiste. Patrick Allemand réalise le score de 22,45 % des voix et dispose d'un réservoir potentiel de voix, celles de Patrick Mottard, candidat dissident du Parti socialiste, mais cela ne suffira pas pour l'emporter dans une ville acquise à la droite depuis soixante ans et qui a voté à 65 % pour Nicolas Sarkozy à la dernière élection présidentielle.

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