jeudi 27 mars 2008

Prémice d'une union des centres au MoDem ?

Pas question de crier «haro sur le Bayrou» pendant la réunion du bureau exécutif du Modem, qui s’est tenue hier soir au siège du parti, à Paris. Le mot d’ordre avait été lancé la veille par le dernier carré des fidèles du député des Pyrénées-Atlantiques. Il a aussi été repris par les plus critiques, malgré les revers électoraux du Modem aux municipales et la défaite de son leader à Pau. «Comme d’habitude, quelques-uns vont faire "bouh-bouh" puis les choses vont se tasser très vite», ironise Jean-Luc Bennahmias, habitué à des prises de bec politiques autrement plus vives chez les Verts, son ancienne formation.


Même les sénateurs centristes, toutes chapelles confondues, réunis mardi pour un déjeuner de rentrée parlementaire surtout consacré au paysage post-municipales, n’ont pas donné le signal de la fronde.


«Il y a aujourd’hui besoin d’un centre réunissant tous les centristes, de droite comme de gauche», précise le sénateur et président du conseil général du Rhône, Michel Mercier. Ce fidèle de François Bayrou, trésorier du Modem, réclame «une stratégie d’alliance claire et pas au coup par coup, comme cela s’est passé pendant les municipales, dans une sorte de tohu-bohu généralisé». Ce pilier de la maison Bayrou prône également un rapprochement avec les députés du Nouveau Centre, qui regroupe les ex-UDF ralliés à Nicolas Sarkozy, pour un travail parlementaire commun qui pourrait se concrétiser lors du débat sur les institutions. «La question de fond qui nous est posée, résume Jacqueline Gourault, sénatrice du Loir-et-Cher, est de savoir si l’on veut un centre indépendant ou non, et avec quelles alliances.»


Seul Jean Arthuis, sénateur de la Mayenne, rêve d’un retour aux heures bénies de la défunte UDF, mise en sommeil pour trois ans lors du congrès fondateur du Modem, fin 2007. Il propose de réunir le comité directeur de l’ancienne formation giscardienne pour rassembler la famille centriste plus éparpillée que jamais. Jean Arthuis ne se voit pas «rester dans un mouvement à ce point désorganisé et erratique. Les seules villes gagnées par le Modem l’ont été grâce à des alliances passées avec la droite». Mais il pense, comme d’autres, que l’avenir du centre passe par un rapprochement avec le Nouveau Centre, qui tiendra son congrès fondateur en mai, à Marseille.


Même les nouveaux convertis, arrivés au Modem dans le sillage de la présidentielle, dénoncent «un mode de gouvernance concentré entre deux personnes : François Bayrou et Marielle de Sarnez», tête de liste du parti lors des municipales à Paris. «Il faut mettre sur pied une organisation qui tienne la route quotidiennement, avec une direction plus collégiale et un programme beaucoup plus construit», réclame Corinne Lepage, présidente de Cap 21, organisation cofondatrice du Modem. «Après ces résultats, certains d’entre nous se demandent quel rôle peut encore jouer le Modem dans la vie publique et surtout quel sera le rôle de Bayrou en 2012», confie l’un des responsables du Modem. Mais de cela, hier soir, il ne devait pas être question.


On peut donc remarquer deux choses : le MoDem ne se divise pas (mais vu le nombre qu'il reste, ils ne peuvent être que d'accord entre eux), et est favorable à un rapprochement avec les centristes de la majorité rassemblés au Nouveau Centre. De plus, les points communs entre le MoDem et le Nouveau Centre se multiplient :

1. les programmes sont semblables (chacun ayant reporté le programme de l'UDF, le Nouveau Centre se justifiant par l'appartenance à ce mouvement de la plupart des rédacteur de ce dernier et le MoDem revendiquant la possession de la structure juridique de l'UDF),

2. les deux formations regrettent l'UDF (en même temps, si les résultats de chacun sont relativement encourageant pour de jeunes formations, les deux ajoutées n'arrivent pas au niveau de la défunte et regrettée Union pour la Démocratie Française),

3. les deux partis ont intérêt à faire front commun pour négocier la réforme des institutions et obtenir l'insertion d'une dose de proportionnelle,

4. les militants, d'un côté comme de l'autre, souhaitent un rassemblement des centristes.


Maintenant, il faut savoir comment chacune des deux formation va engager se rapprochement et amorcer un dialogue après s'être déchiré pendant une année durant. Aussi, les conditions de ce rapprochement sont encore inconnues, tout comme la forme que prendra ce dernier. Dialogue, coopération, union parlementaire (qui supposerai, ou l'entrée du MoDem dans la majorité, ou la sortie du Nouveau Centre de celle-ci, deux hypothèses peu probables), collaboration dans la formation d'un programme, alliance électorale ? Dans quelles conditions ? Parité, prises des décisions au prorata du nombre de militants, de députés ? Qu'en pense le Nouveau Centre ? Autant de questions qui restent pour le moment en suspend.


Pour ma part, je pense qu'il faut renouer le dialogue progressivement, et pourquoi pas, viser à la résurrection de l'UDF qui n'est suspendu, rappelons-le, que pour tois ans. C'est en tout cas un espoir d'union des centres et une chance qu'il faut saisir. Ma question est : que fait-on pour 2012 ?

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