samedi 8 mars 2008

Municiales : la majorité en plein doute

Sarkozy reste discret, les ministres en campagne se débrouillent sans lui, les candidats ne veulent pas de son soutient, le premier ministre occupe la tête d'affiche... Mais que ce passe-t-il en Sarkozyland ? Ces municipales sont le reflet des doutes qui planent sur tout un système. Evènement.

Ce scrutin dont il voulait pourtant faire une bataille politique nationale n’est plus le sien. «Je ne suis pas candidat aux municipales», a lancé jeudi lors d’un déplacement à Vesoul (Haute-Saône), celui qui promettait en janvier d’aller un jour sur deux faire campagne en province. Il se préfère aujourd'hui meneur de la politique à l'échelle nationale. Il se voit constitutionnellement investit de définir les grandes lignes de la politique de la nation et non pas de mener un combat politique "local". Etrange retournement que celui de cet homme qui se déchaînait contre la méthode et la politique de Jacques Chirac qui ne tenait pas un autre langage lors des régionales. Après cette débâcle éléctorale, Nicolas Sarkozy avait déploré son refus de remanier en profondeur le gouvernement en le nommant à Matignon. Or c'est toujours ce même Nicolas Sarkozy qui n'envisage qu'un remaniement a minima après le 16 mars.

«Je ne suis pas candidat aux
municipales»

On a ainsi pu observé l'annulation de ses deux seules réunions publiques à Nice et Marseille et la programmation d'un seul déplacement aux côtés d’un ministre candidat, Xavier Darcos, à Périgueux. Finalement, son unique combat fut celui de Neuilly avec la tragicomédie Martinon. Singulier contraste avec l’activisme du Premier Ministre. Fort d’une cote de popularité en hausse et d’un espace politique retrouvé pour s’exprimer, François Fillon a endossé avec plaisir le rôle de «chef de la majorité» ; travaillant chaque jour sur le terrain aux côtés des candidats UMP, contre des socialistes accusés «d’entretenir un climat de quasi guerre civile». Dans les faits, celui-ci n'a pris que peu de risques du fait de son assurance de rester à Matignon après le 16 mars. Fillon est aujourd’hui le point d’ancrage le plus consistant d’un sarkozysme en plein doute.

«Nos adversaires, pour la première fois, croient pouvoir gagner. Et nous, pour la première fois, on peut croire qu’on est susceptibles de perdre»

Des doutes qui se caractérisent sur le terrain par la crainte de lourdes pertes. Ainsi, à Marseille, l’UMP frissonne. «Nos adversaires, pour la première fois, croient pouvoir gagner. Et nous, pour la première fois, on peut croire qu’on est susceptibles de perdre», résumait, lundi, Renaud Muselier, premier adjoint UMP. Pour ne rien arranger, la marque de fabrique de Sarkozy au niveau national, l’ouverture systématisée est source de pagailles municipales, y compris à droite. Exemple au sein de la droite alsacienne qui ne digère pas de devoir soutenir les candidats gauche moderne à Mulhouse et à Schiltigheim. D’où la multiplication de dissidences dangereuses.

La droite doute du sarkozysme et de ses méthodes

Peu encline à accepter l'ouverture imposée par leur patron, pas plus enthousiaste face à la chute de celui-ci dans les enquêtes d'opignon, multipliant les listes dissidentes, refusant les parachutages et nominations arbitraires du clan Sarkozy, la droite doute. Des doutes sur elle-même et sur son idéologie majoritaire : le Sarkozysme. Il faudra du temps à la droite pour se remettre d'une telle crise idéologique mais elle a déjà su se remettre de bien d'autres difficultés. Courage...

Aucun commentaire: