jeudi 20 mars 2008

Jean-Luc Roméro revient sur l'euthanasie

Alors que l’enquête se poursuit sur les circonstances de la mort de Chantal Sébire, le gouvernement semble prêt à revoir la loi sur la fin de vie. Jean-Luc Romero, président de l’ADMD (Association pour le droit à mourir dans la dignité), se bat pour la dépénalisation de l’euthanasie active.

Le gouvernement a chargé le député Jean Leonetti de faire le point sur la loi sur la fin de vie, dont il était l’investigateur. Quel est votre bilan de cette loi votée en avril 2005?
Jean-Luc Romero: A l’ADMD, nous sommes contents que le gouvernement ait créé cette commission. Mais pourquoi la confier à Jean Leonetti? Il ne peut être juge et partie. Il ne peut pas critiquer son propre travail, alors qu’il continue de le promouvoir par ailleurs. Maintenant il paraît évident que la loi de 2005 est une avancée. Elle dépénalise l’euthanasie passive, et ainsi une forme de suicide assisté. Elle permet surtout plus de sécurité pour les médecins.

Mais cette loi est née dans la douleur. Il a fallu l’histoire dramatique de Marie Humbert et de son fils pour voir la création de la commission parlementaire Leonetti. Le président de l’ADMD, qui 42 000 adhérents, n’a même pas été invité. Résultat: le cadre légal instauré en 2005 est insuffisant. Il répond à très peu de demandes des patients.

Qu’attendez-vous de la nouvelle commission Leonetti, chargée de réfléchir à faire évoluer la loi?
Il faut sortir de la grande hypocrisie française – européenne même. Certains ministres (Bernard Kouchner, Nadine Morano) ont, à titre personnel, sauvé l’honneur du gouvernement. Si je comprends la position de la chancellerie qui ne peut se prononcer, je trouve scandaleux les propos de la ministre Christine Boutin. Elle ne peut se dire chrétienne après ce qu’elle a déclaré jeudi dernier.

Ce sujet devrait être au contraire pris à bras le corps par l’Etat, en dehors de tout clivage politique. J’espère que le gouvernement va enfin réunir tout le monde autour d’une table pour discuter, argumenter, trouver une vraie solution pour mettre fin aux souffrances de centaines de familles.

J’espère surtout que cette commission ne va pas s’endormir. Le problème doit être réglé au plus vite, car la réalité est grave: selon nos estimations, il y a eu entre 10 000 et 15 000 euthanasies illégales en 2007.

Faut-il suivre les exemples belge et néerlandais ?
La meilleure solution est mise en pratique depuis plus de cinq ans en Belgique et aux Pays-Bas. Je suis ouvert à toutes discussions et toutes propositions. Je suis prêt à discuter avec les personnes qui ne partagent pas mon point de vue.

Mais je veux juste que l’Etat envoie des missions dans les pays où l’euthanasie active a été dépénalisée. En Belgique, le système fonctionne bien, grâce à des commissions de contrôle efficaces et transparentes. Pourquoi nous interdire cette alternative? Pourquoi ne pas l’essayer, avant de condamner cette solution?

Ces derniers jours, des personnalités ont proposé de créer une formule d’exception, sans pour autant modifier la loi.Tous les cas d’euthanasie sont des exceptions. Il ne faut pas sortir du cadre légal et l’homme politique doit intervenir dans ce débat. Il ne peut pas rester sourd à un malaise grandissant dans la population. Le patient doit être seul maître de sa décision, et le médecin peut être le seul à agir. Mais le politique et le juriste doivent être là pour les soutenir, les rassurer grâce à un cadre souple mais bien délimité.

www.jeanluc-romero.com

(L'Express.fr-Propos recueillis par Gaël Vaillant)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je pense que l'euthanasie serait bien pour les gens comme Chantal Sébire car elle souffrait. Mais il ne faut pas qu'il y ait d'abus pour les personnes qui n'en n'ont pas besoin ou alors que les membres de la famille décident pour récuperer un héritage !!!